mardi 25 janvier 2011

Pour une prospective de l’économie de la connaissance: de l'innovation de rupture à la société créative

Résumé de l'intervention d'André Jean Marc Loechel au colloque:
L'innovation en Afrique et dans les pays émergents Sénat, Paris, 22 janvier 2011

Pour une prospective de l’économie de la connaissance: de l'innovation de rupture à la société créative
La Fondation des Territoires de Demain est présente depuis ses origines, au travers notamment de ses structures fondatrices, sur le terrain de l'innovation en Afrique et dans les pays émergents. Madame Garcia Vitoria, directrice scientifique de la Fondation, évoquera les démarches innovantes basées notamment sur des dispositifs de laboratoire vivant développés à l'échelle de celui des Territoires de Demain et mis en œuvre de Dakar à Bogota - où nous nous préparons d'ailleurs à nous rendre à la fin de ce mois -. Nous nous efforcerons présentement de tracer brièvement les contours de notre action et surtout de nos analyses.
1 - Une économie de la connaissance est une économie de l'innovation Nous vivons l'entrée dans une économie de la connaissance et nous savons tous combien cela peut être favorable à l'Afrique et aux pays émergents! Et le rôle de l'innovation est au cœur de ce processus.
A - Il faut bien se rendre compte de ce que cela représente: l'Europe se retrouve en quelque sorte renvoyée à la situation d'avant la révolution industrielle européenne, ceci notamment avec une conséquence absolument majeure: développer des marches dans les pays émergents suppose l'acceptation par l'Occident de transferts technologiques et pour cela un énorme effort non seulement de recherche et développement "traditionnel", mais des démarches innovantes dans tous les domaines.
B - Une économie de l'innovation n'est évidemment pas seulement une économie basée sur des infrastructures, voire même sur des connaissances techniques. Les démarches innovantes concernent tous les domaines (comme le montre l'exemple du Medialab de Madrid).
2 - Une économie de la connaissance est une économie de polarisation des compétences. A - La carte du monde est aujourd'hui d'abord et avant tout une carte des savoirs, de pôles ou des compétences, des expertises, des savoirs de tous ordres se trouvent mobilisés.
Ces polarités (qui sont d'abord le fruit de multiples externalités) prennent des formes très différentes: pôles de compétitivité (Tunisie), réseaux de clusters (Amérique latine, monde caraïbe) boutiques des sciences, living labs (Sénégal)...
B - Cette cartographie n'est en rien une cartographie de savoirs exclusivement scientifiques: c'est aussi une cartographie de l'identité et des savoirs locaux (rapports entre pratiques traditionnelles orales et usages du téléphone mobile!
3 - Une économie de la connaissance est une économie du lien A - À l'échelle des territoires, cette économie nous lien impose un mécanisme qu'il n'est pas toujours facile à mettre en œuvre: ce qui compte en effet tout autant que le regroupement de connaissances est la création de liens entre ces pôles de compétences (exemples méditerranéens).
B - À l'échelle macro-économique aussi, les synergies et les collaborations réelles, les partages de savoirs reviennent au premier plan. Nos diplomaties deviennent donc des diplomaties du savoir, les liaisons internationales - et leurs financements - n'étant donc plus basées sur des hiérarchies préformatés, mais sur l'importance des savoirs à transmettre. On est bien loin des télégrammes diplomatiques!
En conclusion, nous voyons bien qu'au-delà par exemple des péripéties financières que nous connaissons aujourd'hui, ce sont des mutations encore plus fortes qu'il nous faudra ensemble maitriser qui sont celles de la naissance d'une économie planétaire fondamentalement nouvelle, accompagnant notamment des paradigmes que nombre de nos contemporains ont encore bien du mal à intégrer dans leurs actions et leurs représentations d'un monde qu'ils ne reconnaissent plus.
L'exemple des nouveaux métiers et nouvelles formations autour des technologies de la connaissance qui nous concernent tous illustre bien le refus de nombre d'acteurs - indépendamment de leur âge et de leur milieu social - de regarder notre futur commun à l'horizon 2020 - 2030. Tels les anciens d'autrefois, ils ne veulent plus apprendre, leur vision leur suffit, même si elle ne correspond plus à rien...
Notre rencontre d'aujourd'hui visant à partager nos savoirs en la matière nous montre évidemment que c'est tout l'inverse qu'il nous faut faire au travers des accompagnements que nous avons à développer tous ensemble... sur le terrain.
André Jean Marc Loechel