mercredi 15 juillet 2009

De retour à Fez (18th ENB Fez Congress: Creative Ideas & Tools for Smart Entrepreneurs)

Me voilà de retour à Fez, et ce avec d’excellentes nouvelles, mais aussi d’une autre bien plus triste. La première d’abord : lors de la réception sur la terrasse des Mérinides (qui m’a par ailleurs rappelé bien des souvenirs de mon dernier séjour), j’ai en effet appris le décès accidentel de mon interlocuteur dans le projet « Fez, cité du savoir » ; le fait de l’apprendre brutalement m’a fait un choc : il avait tellement lutté pour que sa ville devienne un véritable territoire de la connaissance que j’en entends encore ses plaidoyers au téléphone où nos discussions interminables dans son bureau. Son équipe s’efforce aujourd’hui de poursuivre son œuvre dans la mesure du possible : les enjeux sont considérables aujourd’hui pour l’ensemble des grandes villes du Royaume.
Par ailleurs, les enjeux d’une économie basée sur la connaissance sont indéniablement mieux perçus, il ne reste plus qu’à attendre que prenne fin toute une génération arc-boutée sur des technopoles à l’anncienne et largement ignorante des nouveaux écosystèmes déterminés par des «idées créatrices et des outils pour entrepreneurs innovantes», sujet du colloque des Centres européens de l’innovation auquel il m’a été demandé de participer. Indéniablement, les vieux schémas occidentaux du siècle dernier restent encore parfois de mise, à mille lieux des enjeux d’une société de l’immatériel.
Une anecdote savoureuse : un vieux collègue anglais a tenu à évoquer la vielle théorie de la « triple hélice », à savoir le rôle des institutions académiques, des entreprises et des gouvernements, avec comme illustration un exemple des années trente du siècle dernier…
Lorsqu’une représentante danoise de la Commision européenne prit sa sucession, elle projetta non sans malice une slide dédiée au « nouveau modèle de la triple hélice », remplaçant à juste titre au passage l’action gouvernamentale par celle de tout en écosystème il est vrai que son pays a tellement bien réussi en la matière !

Je regardais alors à ses côtés sur l’estrade notre intervenant anglais : il dormait du sommeil de celui qui avait fait son temps, superbe image de notre monde. Car il est bien vrai que certains de nos contemporains dorment encore quand d’autres imaginent les futurs enjeux des villes intelligentes qu’ils contribuent à bâtir. Avant que de s’endormir, notre universitaire avait essayé de montrer que les acteurs du territoire agissaient en dehors des trois grands pôles évoqués. Alors que je ne peux que constater sur notre propre Living Lab la rupture bénéfique qu’entraine leur intégration à toute démarche innovante.

Autre image symbolique, celle de la cécité de quelques intervenants français s’obstinant, malgré la présence d’excellents traducteurs (en trois langues), à baguiner dans un mauvais anglais, laissant nos amis marrocains interloqués utiliser seuls notre langue. Quand ceserons-nous d’avoir une position aussi indécente à l’égard de ceux qui nous accueillent et qui tiennent à montrer leur appartenance à un même horizon culturel, tout cela pour se ridiculiser dans un anglais qui a fait sourire toute la salle !?

Qu’on ne se méprenne pas je suis espagnole, mais comme d’autres encore dans le monde du Canada au Maghreb, l’outil linguistique me semble une composante essentielle dans une prespective d’intelligence économique bien comprise.

Au-delà de telles erreurs, le colloque de nos amis des centres d’innovation m’a confirmé dans mes analyses présentées auparavant sur les rives de la Méditeranée.

Quelque chose indubitablement a changé à Fez, des acteurs majeurs développent aujourd’hui des actions qui ne vont pas tarder à tout changer: il m’a été dit que je ne tarderai pas à revenir, alors…