Le développement de nouveaux espaces de transmission de connaissances et les nouveaux rôles de l’Université dans l’attractivité et la compétitivité des territoires
Introduction: les défis et les enjeux de l’économie de la connaissance
Les rapports et liens entre territoires et savoirs font aujourd’hui l’objet d’une mutation sans précédent depuis cinq siècles. Les savoirs tendent à devenir la matière première pour le développement de la plupart des domaines de l’activité humaine. D’où la démultiplication de nouveaux « travailleurs du savoir » que les institutions comme les universités n’ont pas forcément l’habitude de former : c’est d’ailleurs en cela que va résider une bonne partie de leur nouveau rôle social. Leurs interactions multiples rendent leur transmission bien plus complexe, de même que la constitution des connaissances et leur catégorisation. Ce sont ainsi bien plus fréquemment les liens entre savoirs qui seront porteurs de valeur ajoutée que les savoirs eux-mêmes.
1 - La création de communautés de connaissance et d’innovationSeules des communautés de connaissances et d’innovation permettent aujourd’hui de les appréhender réellement. C’est d’ailleurs ainsi qu’entend fonctionner depuis cette année l’Institut Européen de Technologie, qui se positionne aujourd’hui comme l’équivalent du MIT en Europe. C’est ainsi aussi que la Fondation des Territoires de Demain crée cet automne sa propre communauté de connaissance avec, à ses côtés, 37 universités et centres de recherche. Celle-ci portera d’abord sur l’Internet de Demain et notamment et notamment la manière dont les technologies de la connaissance vont repositionner les territoires et leurs habitants.
2 - La clustérisation des compétences
La constitution de telles communautés participent de la polarisation même de nos environnements et de nos territoires. Chaque pôle de compétence réside ainsi en un subtile mélange de complémentarités et de regroupements de compétence de même nature.
La «marshallisation» de nos villes et régions a ainsi connu plusieurs étapes: la société basée sur la connaissance en genèse sous nos yeux en constitue la version systémique et sa genéralisation dans la plupart de nos activités. Mais comme pour les savoirs eux-mêmes, leur agencement est une priorité, la démultiplication des liens qui les unisse une autre. La coopération entre territoires - au-delà de toutes les frontières nationales - devient de ce fait une strate incontournable pour les acteurs territoriaux bien sûr, mais aussi et surtout pour les universités dont les liens entre elles devient de ce fait leur bien le plus précieux.
3 - Les technologies de l’information et de la connaissance, outils des territoires de demain
La géocalisation des connaissances et la constitution d’environnements de savoirs permettant la mise à disposition des informations au lieu et au moment où ils s’avèrent nécessaires constitue l’axe central des outils numériques et des ressources immatérielles.
La Fondation des Territoires de Demain s’est ainsi donnée pour objectif de mettre à la disposition des universités et des territoires une panoplie de démarches et de méthodologies prospectives pour les accompagner dans leurs décisions et leurs orientations.
4 - Les universités et les territoires, acteurs conjoints d’une innovation de rupture
La crise contemporaine de nos économies ne constitue que l’un des éléments d’un vaste changement de paradigmes. Pour de nombreuses raisons, l’innovation dans les démarches traditionnelles de multiples secteurs de l’économie - l’agriculture et le monde rural étant peut-être les plus fortement concernés - constitue un objectif commun, mais c’est très vite la rupture avec des savoirs-faire autres qui marque le plus les acteurs du présent. L’Université a ici encore un rôle social majeur à jouer en donnant suffisamment de repères à nos contemporains pour que ceux-ci puissent gérer la boîte à outil de leurs identités et que cette gestion - complexe - puisse leur permettre de l’inscrire pleinement dans les processus de cette innovation de rupture.
5 - Un dispositif majeur de l’innovation économique et sociale: le Living Lab
De nombreux schémas de lieux et espaces de l’innovation ont été produits et réalisés au cours des dernières décennies: de simples technopoles d’abord - un modèle aujourd’hui souvent à bout de souffle -, puis des centres d’entrepreneuriat et d’innovation – de véritables incubateurs le plus souvent -.
Aujourd’hui les Laboratoires Vivants constituent en quelque sorte la dernière version de la modélisation des espaces de l’innovation dont tous les acteurs ont tant besoin pour faire vivre leur territoire.
Ils sont constitués d’une trilogie d’acteurs: le chercheur - enseignant tout d’abord, véritable pièce maîtresse du dispositif, l’entrepreneur bien sûr ensuite, mais aussi et surtout le futur utilisateur des nouveaux biens et services , autrement dit l’acteur territorial et l’habitant.
Mais si la présence de ce dernier est essentielle et fait toute l’originalité du dispositif, il lui faut aussi savoir transmettre son jugement, l’étayer, l’insérer dans une connaissance vraie des réalités existantes ailleurs. Et là encore l’université locale, au travers souvent du Living Lab, aura un rôle social à développer.
Conclusion: Des Living Labs aux côtés des Universités d’Amérique latine?
Le Laboratoire des Territoires de Demain a développé toute une méthodologie de développement d’espaces de l’innovation. Avec sa représentation en Amérique latine, il a d’ores et déjà prévu séminaires et interventions pour accompagner les nouveaux modes d’interrelations entre territoires, universités et société civile. Les projets européens en constituent un moyen privilégié de financement, mais d’ores et déjà des moyens spécifiques sont prévus pour ce qui est de la création et du développement du Living Lab.