Mieux vaudrait parler de normalisation et non de morale sur
les affaires publiques, de bon sens, de discernement et conviction. Ainsi
retrouverions-nous la sérénité de jugement, ne serait-ce que pour combattre le
bas nivellement de la pensée qui nous surveille, la désinformation qui nous
étourdit, l’abasourdissement qui nous intimide.
Le bon sens rejoint l’esprit logique et prémunit des dangers
où les idéologues et utopistes risqueraient de l’entraîner. Il est donc un
contrepoids nécessaire aux divagations abusives et perverses, car l’homme de
bon sens perçoit naturellement ce qui est bon de ce qui est mal, ce qui est juste
de ce qui ne l’est pas, guidé par cet instinct qui l’avertit des égarements
toujours possibles de l’intelligence.
Nous avons mieux à faire collectivement que de nous imaginer juges.
Concentrons-nous sur nous-mêmes, réhabilitons la conception stoïcienne de la «virtus»
qui a pour avantage de s'ancrer dans l'individu et la maîtrise qu'il peut
acquérir sur lui-même. La virtus fait de l'autodiscipline un but en soi,
poursuivi au moyen du recueillement, de l'écriture, la lecture de bons livres
ou de la privation résolue.
La future loi de «normalisation
(moralisation) de la vie publique» mettra fin à des pratiques de
corruption institutionnalisées du cumul des mandats et la réserve parlementaire,
pour nous mettre au registre des États de droit modernes. Elle fera rentrer les
représentants de la Res-pública parmi le
commun des citoyens, les politiques du public devant être «serviteur du
bien collectif» et non à son propre service ou au service des siens et les affaire
privés au bien-être et le développement spirituel et matériel de chaque
individu.
Nos voitures connectées, nos téléphones géolocalisés, nos
relevés de compte dématérialisés, nos adresses IP deviennent autant de
mouchards potentiels, bientôt raccordés aux services de surveillance. Nous
allons devenir des robots guidés par des règles abstraites. La morale sort de
l'intime en même temps que la loi régulera nos comportements. La morale privée
laisse l'individu désemparé face de
postulats idéologiques comme de valeurs claniques, pour demander à l'État de
nous dire le bien et le mal.
Plutôt que de continuer nos fulgurations sur les ministrables, vaquons à nos propres
préoccupations et tentons de ne pas confondre le domaine publique et le privé qui
sont de nature bien différente. La vie des affaires repose sur l'idée de
propriété privée et d'enrichissement personnel; les affaires de la cité sont
fondées sur le bien commun et le désintéressement.
Pour beaucoup, faire de la politique n’exige pas
nécessairement une grande culture des connaissances générales de la charge
publique, mais oblige à un apprentissage des rouages des institutions de l’exécutif.
La politique n’est pas un métier: c’est un engagement ou une vocation qui
impose un grand dévouement et une disponibilité de tous les instants.
La politique manque de l’essentiel qui fait la différence
entre un politicien et un authentique responsable: le pragmatisme. Ce
pragmatisme qui résulte d’un bon sens à l’écoute des administrés, n’a rien à
voir avec un quelconque opportunisme comme certains le pratiquent. Ils ont,
surtout, perdu depuis longtemps tout sens du réel. Ils vivent ailleurs, dans un
monde d’où ils ne sortent que pour communiquer, à des citoyens sidérés par tant
d’indigence, sur des sujets qui n’intéressent qu’eux-mêmes.
Les patriotes de tous poils ont un boulevard devant eux et un
sacré défi à relever car cela demande beaucoup d’intelligence, de dextérité et
de perspicacité. Les petites rancunes personnelles, les appréhensions
idéologiques, les calculs politiciens et mesquins, doivent être laissés pour
toujours au cimentière de la République. Mais prendre le pouvoir parfois n’a
pas beaucoup d’intérêt autre que pécuniaire, et ce n’est pas de cela qu’il
s’agit pour les français soucieux du bien-être des citoyens. Il s’agit d’un pays
qu’il faudra reconstruire sur de bonnes bases en redonnant vie à nos
entreprises petites et moyennes: l’innovation disruptive, l’économie de la
connaissance fondé sur la collaboration et une justice pour tous, il faudra
restaurer la culture qui transporte vers des idéaux de générosité et altruisme
qui ouvre au savoir, l’intelligence, les
compétences, les savoirs être et savoir-faire pour en faire des citoyens formés,
éclairés et éveillés.