samedi 20 janvier 2018

La spiritualité et la résilience



La spiritualité est universelle et n’a pas besoin d’institutions. Les religions sont tout simplement l’expression multiple et culturelle de cette spiritualité. Dieu est une représentation apaisante que l'homme se fabrique dans toutes les cultures. Dieu est l'équivalent des fonctions maternelles sécurisantes : on devrait dire "notre mère qui êtes aux cieux". Aucun enfant ne croit en Dieu le jour de sa naissance.  Le goût de Dieu est une émotion façonnée par la culture.

Les rituels rendent l'invisible présent: attachement sécurisant ou, au contraire, relation rigide ou fanatique.  Mais, la résilience est une attitude différente: il ne s'agit pas d'expier, mais de sublimer la souffrance. La sublimation est une métaphore, celle d'un corps solide qui passe directement à l'état d’exhalaison. On passe de la souffrance à l'engagement, c’est un antidote à la fatalité.
Toutes les religions sont là pour nous dire ce qui est bien ou mal, nous punir…
Alors que nous devrions connaitre, à l’âge adulte, par nous-mêmes, le bien et le mal, ce qui nous donne la paix ou la belligérance.

À l'électroencéphalogramme, l'amygdale rhinencéphalique - un renflement grand comme une amande qui est le siège central de l'émotion quelle que soit l'espèce vivante - "flambe" moins chez les personnes qui se soumettent à une représentation apaisante. Lorsqu’on prononce un mot qui désigne une abstraction il agit sur le corps, le cerveau. Si nous recevons une insulte on pâlit, si nous recevons un compliment nous rougissons, nous secrétons des neurohormones[1].
En effet, si un observe la zone cérébrale d’un homme ou une femme qui prie l’amygdale rhinencéphalique[2], qui est le socle de nos émotions insupportables, s’éteint et  le circuit  limbique des émotions maitrisées se met à fonctionner. C’est le même principe que lorsque vous êtes insulté ou on vous compliment, sauf que la représentation verbale vient de vous. La prière rend observable l’effet tranquillisant. Avec les médicaments nous revenons anxieux, en colère ou malheureux dès que nous arrêtons. Quand vous agissez par la parole, c’est sont les circuits limbiques de la mémoire et des émotions qui sont en jeu. Une médecine douce soigne par la parole, par les émotions intenses, par l’imposition des mains, par l’écoute…



[1] Une neurohormone est un messager chimique produit par un neurone et qui agit comme une hormone. Elle est créée et libérée exactement comme un neurotransmetteur, mais là où le neurotransmetteur agit sur un neurone à une distance très réduite (la synapse), la neurohormone agit à distance, comme une hormone, sur l'ensemble des cellules pouvant être affectées.

[2] L'amygdale ou complexe amygdalien est un noyau pair situé dans la région antéro-interne du lobe temporal au sein de l'uncus, en avant de l'hippocampe et sous le cortex péri-amygdalien. Elle fait partie du système limbique et est impliquée dans la reconnaissance et l'évaluation de la valence émotionnelle des stimuli sensoriels, dans l'apprentissage associatif et dans les réponses comportementales et végétatives associées en particulier dans la peur et l'anxiété. L'amygdale fonctionnerait comme un système d'alerte et serait également impliquée dans la détection du plaisir.
L'amygdale rhinencéphalique consomme beaucoup d'énergie... l'ordinateur permet parfaitement de visualiser. On est biologiquement submergé par des substances comme les amphétamines, on rougit, on pâlit, le cœur s'accélère, la bouche est sèche, on se met à trembler...
L'amygdale rhinencéphalique des enfants maltraités « s'allume » plus facilement que celles des enfants bien aimés. L'atrophie fronto-rhinencéphalique des enfants élevés en carence affective se regonfle dans une famille d'accueil, prouvant ainsi que la résilience peut aussi être neuronale.