La spiritualité
est universelle et n’a pas besoin d’institutions. Les religions sont tout
simplement l’expression multiple et culturelle de cette spiritualité. Dieu est
une représentation apaisante que l'homme se fabrique dans toutes les cultures. Dieu
est l'équivalent des fonctions maternelles sécurisantes : on devrait dire
"notre mère qui êtes aux cieux". Aucun enfant ne croit en Dieu le jour
de sa naissance. Le goût de Dieu est une
émotion façonnée par la culture.
Les rituels
rendent l'invisible présent: attachement sécurisant ou, au contraire, relation
rigide ou fanatique. Mais, la résilience
est une attitude différente: il ne s'agit pas d'expier, mais de sublimer la
souffrance. La sublimation est une métaphore, celle d'un corps solide qui passe
directement à l'état d’exhalaison. On passe de la souffrance à l'engagement, c’est
un antidote à la fatalité.
Toutes les religions
sont là pour nous dire ce qui est bien ou mal, nous punir…
Alors que nous devrions
connaitre, à l’âge adulte, par nous-mêmes, le bien et le mal, ce qui nous donne
la paix ou la belligérance.
À
l'électroencéphalogramme, l'amygdale rhinencéphalique - un renflement grand
comme une amande qui est le siège central de l'émotion quelle que soit l'espèce
vivante - "flambe" moins chez les personnes qui se soumettent à une
représentation apaisante. Lorsqu’on prononce un mot qui désigne une abstraction
il agit sur le corps, le cerveau. Si nous recevons une insulte on pâlit, si
nous recevons un compliment nous rougissons, nous secrétons des neurohormones[1].
En effet, si un
observe la zone cérébrale d’un homme ou une femme qui prie l’amygdale rhinencéphalique[2], qui est
le socle de nos émotions insupportables, s’éteint et le circuit
limbique des émotions maitrisées se met à fonctionner. C’est le même
principe que lorsque vous êtes insulté ou on vous compliment, sauf que la représentation
verbale vient de vous. La prière rend observable l’effet tranquillisant. Avec les
médicaments nous revenons anxieux, en colère ou malheureux dès que nous arrêtons.
Quand vous agissez par la parole, c’est sont les circuits limbiques de la mémoire
et des émotions qui sont en jeu. Une médecine douce soigne par la parole, par
les émotions intenses, par l’imposition des mains, par l’écoute…
[1] Une
neurohormone est un messager chimique produit par un neurone et qui agit comme
une hormone. Elle est créée et libérée exactement comme un neurotransmetteur,
mais là où le neurotransmetteur agit sur un neurone à une distance très réduite
(la synapse), la neurohormone agit à distance, comme une hormone, sur
l'ensemble des cellules pouvant être affectées.
[2] L'amygdale
ou complexe amygdalien est un noyau pair situé dans la région antéro-interne du
lobe temporal au sein de l'uncus, en avant de l'hippocampe et sous le cortex
péri-amygdalien. Elle fait partie du système limbique et est impliquée dans la
reconnaissance et l'évaluation de la valence émotionnelle des stimuli
sensoriels, dans l'apprentissage associatif et dans les réponses
comportementales et végétatives associées en particulier dans la peur et
l'anxiété. L'amygdale fonctionnerait comme un système d'alerte et serait
également impliquée dans la détection du plaisir.
L'amygdale rhinencéphalique
consomme beaucoup d'énergie... l'ordinateur permet parfaitement de visualiser.
On est biologiquement submergé par des substances comme les amphétamines, on
rougit, on pâlit, le cœur s'accélère, la bouche est sèche, on se met à
trembler...
L'amygdale
rhinencéphalique des enfants maltraités « s'allume » plus facilement que celles
des enfants bien aimés. L'atrophie fronto-rhinencéphalique des enfants élevés
en carence affective se regonfle dans une famille d'accueil, prouvant ainsi que
la résilience peut aussi être neuronale.