samedi 14 mars 2009

Faut-il toujours pardonner l’impertinence? En hommage à Ingrid Betancourt

C’est l’histoire d’une femme, auraient dit certains, qui - après avoir compris le sens de la vie et de la mort ou encore la nature des hommes et des femmes… - a décidé de tout quitter à la recherche de l’imanence en nous laissant le soin et la grande chance de faire fructifier son image au profit d’une cause désespérément généreuse: l’amélioration de l’humanité…

Mais notre XXIème siècle, Madame, Monsieur, c’est aussi l’histoire des journalistes - vous savez, celui qui écrit sur un journal qui porte un nom de femme qui, sous un gros titre «Sainte ou garce? Qui est vraiment Ingrid Betancourt», veut nous convaincre par exemple de l’idée de l’obligation de la femme à se complaire d’être victime de tous les fantasmes développés par les hommes.
Dans ce magazine, les américains qui ont vécu avec elle l’horreur de la captivité et ceux avec lesquels elle a partagé un chemin de vie, jouent tous aujourd’hui les traîtres de service en l’accablant de reproches. Quel compagnonage ! Jaloux, petits et en même temps envieux (un classique chez certains de nos contemporains), et machos en supplément, ils décrivent maintenant dans cet article Ingrid comme une femme à double visage: Eve ou Marie, Sainte ou garce? Une femme, disent-ils, peu reconnaissante envers les efforts qu’ils auraient fait pour obtenir sa libération… Et il s’est trouvé des imbéciles pour publier ce genre de fadaises !

Alors, Monsieurs, je me pose une question: l’avez-vous fait par devoir et générosité ou bien pour vous servir de son calvaire comme plate-forme et obtenir ainsi des faveurs et surtout ceux de la presse; elle devrait vous être toute sa vie reconnaissante?
Vous, qu’avez eu pourtant la chance que vous n’avez jamais voulu reconnaître de la connaître, de vivre avec elle, de profiter de sa féminité, de partager sa vie, ses enfants, ses rêves…, vous vous comportez comme des maris jaloux après un divorce bien mérité. Pourquoi ne vous posez-vous pas la question de savoir si vraiment vous avez été à la hauteur de ses recherches de transcendance, de vérité, de justice, de connaissance…?

Et vous Monsieur, vous, qui avez été victime des mêmes souffrances, avez-vous au moins eu son courage, une attitude pour le moins digne avec tous vos compagnons de calvaire, ou bien au moins la force pour essayer de tenter de vous échapper de l’enfer comme elle l’a fait?
Arrêtez Monsieur, de nous considérer comme des saintes ou des garces, nous ne voulons pas être en haut ni en bas, ni en dessous ni au-dessus. Nous voulons tout simplement être au diapason de nos semblables, main dans la main à la recherche de la vérité, de la connaissance et de la justice pour toutes et pour tous.

Non, nous pensons seulement à vous indiquer - un peu rudement peut-être parfois, on l’avouera volontiers - un morceau de ce chemin des cîmes vers lesquelles nous aimerions tant que vous égariez, ne serait-ce qu’un temps, vos regards perdus et par là-même être… tout simplement des femmes.